lundi 13 août 2012

Le témoignage de Véronique, maman de Julian

Grossesse sans souci et même très facile. J'ai travaillé jusqu'au dernier jour à 100 pour 100, sans difficulté et même avec plaisir.
J'ai préparé mon accouchement avec le yoga et avec une sage femme. Avec la sage femme nous avons fait de l'haptonomie et j'ai pu lui poser toutes sortes de questions. Ca nous a surtout permis, avec mon ami, de prendre du temps à 2 pour notre bébé sans penser à rien d'autre.
L'accouchement ne me faisait pas plus peur que ça. Je me disais que de toute façon j'en étais capable et je voyais ça comme une grosse grosse épreuve physique. Le fait de savoir que le tout durerait au max 2 jours m'encourageait aussi et puis tout s'était bien passé jusque là donc... Et j'étais curieuse de savoir ce que c'est que de donner la vie !!

La semaine avant l'accouchement on a fait plein de trucs sympa avec mon ami (resto, grillade, repas avec les familles, amis, piscine) et je recommande à tout le monde d'en faire autant (si c'est possible bien sûr). Ca nous a évité d'attendre et finalement de stresser.

Vendredi 29 juin, je termine l'année scolaire (je suis prof) avec la raclette des profs. En rentrant, je rédige encore le rapport sur mon stagiaire pour la HEP. Je sentais que je n'en aurai plus trop l'occasion après... A 20h30 les premières contractions apparaissent. Federer joue, on le regarde à la télé et mes contractions continuent tranquillement. Minuit, les contractions se rapprochent. Je vais prendre un bain. C'est encore supportable mais j'en ai chaque 5 min. A 5h du matin ça devient dur. On part à l'hôpital. J'arrive, on m'installe et là mes contractions s'arrêtent !!! Plus rien !!! Col ouvert à 1.5 cm et pas tout-à-fait effacé. Verdict: retour à la maison...
Bain et vers midi on repart à l'hôpital car mes contractions me donnent envie de vomir. Arrivée à l'hôpital : on m'apprend que ça n'a pas beaucoup évolué... dilatation 2 cm et col pas encore tout-à-fait effacé. Pourtant les contractions sont bel et bien là ! Chaque 3 ou 5 minutes... Jusqu'à 16 heures c'est soutenable, je peux encore me lever ou prendre un bain. A partir de 16 heures je suis clouée au lit, les yeux rivés sur le monitoring. Ca m'aidait beaucoup. Je voyais la contraction apparaitre et disparaitre (il y a des chiffres qui mesurent son intensité). Je suis restée clouée à ce monitoring toute l'après-midi et la soirée ! La douleur des contractions m'a paru soutenable. Les discussions avec la sage femme m'ont bien aidée. Elle m'avait dit de ne pas lutter mais d'accompagner la contraction, de penser que c'était un pas de plus vers mon bébé. Du coup, je ne fait que penser: "C'est pour mon bébé, c'est pour mon bébé", "je vais y arriver, je vais y arriver" et "j'en suis capable, j'en suis capable". Malheureusement, le travail ne fait aucun effet... chaque 2 heures on m'ausculte et résultat : aucune amélioration. Il est minuit et rien ne s'est passé. C'est très dur psychologiquement... plus que physiquement presque. La médecin assistante me dit qu'il va falloir attendre le lendemain matin... j'ai cru que je la tuais. Heureusement sa chef arrive et décide de me faire une péridurale malgré le fait que je n'ai pas beaucoup dilaté.
Péridurale posée sans aucun souci et qui me soulage tellement. Je peux de nouveau penser, respirer, parler, dormir un peu. Poche des eaux rompue par les médecins et qui fait enfin démarrer le travail. Dilatation à 5 vers 2 heures puis plus rien jusqu'à 5h... rien du tout... En plus, le bébé se déplace sans cesse et les médecins ne savent plus s'il est bien positionné... On me propose donc la césarienne mais on me dit qu'on a le temps et qu'on va gentiment m'expliquer comment tout va se passer. Tout à coup c'est le branle-bas de combat : on me demande comment je me sens (moi je me sens bien) parce que ma pression grimpe en flèche et que le coeur du bébé ralentit. Ni une ni deux je me retrouve en salle d'opération.
Là c'est assez stressant. Il y a une dizaine de personnes en vert qui s'agitent, on m'attache les mains en croix et on pose un champ stérile devant mes yeux. Je sens tout ce qui se passe même si je ne ressens aucune douleur. On m'ouvre le ventre, on l'écarte, la table bouge, mon copain est là, en vert, les larmes dans les yeux et on entend un médecin dire : Bienvenu au monde petit bonhomme ! et là Julian pleure. Mon ami pleure, moi aussi mais je me retiens parce que j'ai peur pour mon ventre... Le papa est appelé pour voir le bébé, il revient en me disant qu'il est parfait. Je sens un besoin vital de le voir, de le toucher. On me l'amène, on me le montre, je veux le toucher mais je ne peux pas, mes mains sont attachées, je tire dessus à plusieurs reprises, dis "je ne peux pas.... je ne peux pas..." mais personne n'entend et la sage femme part avec le bébé. Mon conjoint ne sait plus que faire: rester avec moi ou partir avec Julian. Je lui dit d'aller avec Julian car il a besoin de lui. Je me retrouve seule avec un type qui me pose 1000 questions pour que je ne m'endorme pas alors que je ne rêve que de ça... Ca dure 45 minutes. On me ramène en salle d'accouchement où je vois Julian sur le torse nu de son papa... quel soulagement... malheureusement je tremble de tous mes membres, je ne peux pas m'arrêter, je crève de froid... On me propose de prendre Julian mais je n'ose pas, je tremble trop. L'infirmière me l'amène tout de même, ça me calme. Malheureusement, j'ai reçu tellement de calmants que je ne me souviens pas vraiment de ce moment... je sombre dans le sommeil. 4 heures plus tard on me monte en chambre. Je suis sous morphine donc mes souvenirs sont flous... Julian dort à côté de moi et ça m'apaise.
A mon réveil je prends conscience de ce que c'est que les suites d'une césarienne : impossible de me lever pendant 2 jours donc de m'occuper de mon bébé, de le changer, le baigner, même de me tourner pour le sortir de son berceau... C'est dur, frustrant, très frustrant. Je vois les autres femmes sourire en s'occupant de leur enfant et moi je suis clouée au lit. Heureusement mon copain est là et fait tout. Le troisième jour je peux enfin me lever et l'accompagner. Mon moral monte en flèche, ouf !!! Je rentre un jour plus tôt que prévu à la maison car je récupère bien !
L'arrivée à la maison est violente. Alors que je souriais à l'hôpital, là je m'effondre totalement : mon accouchement a été tellement différent de ce à quoi je m'attendais...
On me parle de césarienne à 5h00 et à 5h10 Julian voit le jour... autant dire que je n'ai pas compris grand chose à ce moment-là, emportée dans un tourbillon et n'ayant plus aucune prise sur ce qui m'arrivait... Un debriefing avec la sage femme le lendemain et avec mon ami les jours suivants m'a permis d'accepter cette naissance violente.

Actuellement, j'ai l'impression d'avoir été opérée plutôt que d'avoir accouché. 
J'ai aussi l'impression qu'il me manque un petit quelque chose pour être une "vraie femme" mais bon... J'irai voir quelqu'un pour en parler prochainement histoire de ne pas laisser ces impressions en moi.

Un conseil à donner : penser à préparer aussi un accouchement difficile, bien discuter avec son conjoint sur ce qu'on veut ou non (ex: je veux toucher mon bébé,...).

Julian est adorable et malgré cette naissance difficile on a réussi à créer une belle relation dès les premiers instants. L'opération n'a pas gâché notre rencontre !